Auteur : Collière Marie-Françoise
Ouvrage : Soigner... Le premier art de la vie
Année : 1996
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Prélude. Prendre soin de la vie... Tel est ce tout premier art, véritable création qui, de l’enfantement à la mort, participe au mystère de la vie qui se cherche, de la vie qui éclôt, de la vie qui lutte, de la vie qui s’estompe, de la vie qui resurgit, de la vie qui sombre... Vie de la mère qui met au monde, du nouveau-né qui s’affirme, de l’enfant qui s’est heurté, de l’accidenté qui refait ses premiers pas, du malade qui souffre, du drogué qui plonge dans le délire, de la personne âgée qui se demande où elle est... Soigner... cet art qui précède tous les autres, sans lequel il ne saurait être possible d’exister, est à la source de toutes les connaissances et la matrice de toutes les cultures. Pourtant inséré dans la texture de la vie quotidienne, cet art demeure encore si méconnu que la variété de ses effets reste insoupçonnée. Comment parler des soins ? Plus difficile encore, comment écrire sur les soins ? Alors que demeurera toujours cette distance immense entre la résonance et le raisonnement qu’ils suscitent. Comment aborder ce qui se tisse à la croisée des situations de soins dans leur infinie diversité, dans leur mouvance et leurs fluctuations, à la merci de l’intensité du moment ou de l’usure du temps ? Les mots sont devenus si éculés, si perclus, si frileux, si rigides, si conformes, si soucieux d’uniformisation qu’ils en perdent leurs couleurs, leurs nuances, les variations de leur percussion, tandis que s’amenuise l’expression des représentations qui sous-tendent les motivations comme les façons d’agir et de réagir, tant du côté des personnes soignées que de celles qui soignent. Comment exprimer les soins ? ... Ces soins qui, dès l’aube de l’humanité naissante, bien antérieurement à toute maladie, sont mêlés à l’expression même de la vie avec laquelle ils s’enchevêtrent. Comment en communiquer à nouveau la signification plénière ? Comment en permettre la représentation à ceux et celles qui pensent se grandir en s’en distançant et ne découvrent ou ne redécouvrent leur absolue nécessité qu’à l’occasion de situations tragiques survenues lors d’une maladie ou d’un accident ? C’est à la poésie, à la chanson, à la musique, à ce qui nous permet de percevoir encore les vibrations de la vie qui se cherche, de la vie en émoi, qu’il faudrait continuer à avoir recours pour évoquer ce que représentent les soins insérés dans leur halo d’émerveillement, de joie, de souffrance, de solitude, de douleurs, d’écrasement, de silence, de révolte, de satisfaction, de dégoût, d’élans d’amour comme de désespoir, de renoncements comme de désirs retrouvés… Le geste 1 et la parole demeurent le moteur des soins, c’est-à-dire de ce qui mobilise la vie et lui vaut de s’affirmer. Le geste qui découvre, qui impulse, qui perçoit le rythme, qui apaise, qui met en mouvement… et la parole qui appelle à EXISTER . « Je sais qu’on ne commence pas à écrire quand on n’a rien de plus à dire que ça. Mais pourtant j’ai écrit (…)» 2 sur « ça »… les soins… tout en mesurant la difficulté d’avoir tenté de transcrire quelques aspects qui les fondent alors qu’ils demeurent d’abord et avant tout une pratique inspirée des plus anciennes sagesses de la vie. Comment révéler : — ces soins dont nul ne saurait se passer, auxquels nous avons constamment recours sans même en avoir conscience : se soigner fait partie de nos obligations journalières. Gestes simples et banaux, se mêlant à nos activités les plus courantes comme les plus exceptionnelles, auxquels on ne prête guère attention lorsqu’on « va bien », pourtant lourdement investis de résonance affective et symbolique… — ces soins qui veillent sur la mère qui enfante, qui accueillent la vie du nouveau-né, qui restaurent les forces de ceux qui cherchent à dépasser la maladie, qui accompagnent ceux qui se rendent à leur dernier voyage… — ces soins qui, dans tous les milieux, dans toutes les cultures ont été au départ de toutes les formes d’organisation sociale afin de maintenir et d’assurer la continuité de la vie de tout groupe, sous toutes les latitudes, quels que soient les climats et les ressources de l’environnement ; — ces soins qui se situent au carrefour de ce qui fait vivre… ce qui permet de vivre, et de ce qui fait obstacle à la vie… de ce qui l’entrave et la menace : à la charnière de la vie et de la mort, affermissant l’une, faisant reculer l’autre, cheminant avec l’une jusqu’à s’éteindre avec l’autre… — ces soins qui, de la naissance à la mort, scandent le parcours de toute vie : être soigné… se soigner… soigner se chevauchent et s’entremêlent. ...
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