DuyvendakJan Julius Lodewijk - Tao Tö King


Auteur : DuyvendakJan Julius Lodewijk
Ouvrage : Tao Tö King Le livre de la voie et de la vertu. Texte chinois établi et traduit avec des notes critiques et une introduction
Année : *

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Introduction. Le Tao-tö-king est un de ces livres qui gardent leur valeur dans tous les siècles. L’obscurité même du texte semble le rendre plus fascinant. Toute une phalange d’érudits chinois se sont attachés à l’interpréter et, depuis un siècle, de nombreuses traductions en langues occidentales en ont paru. Si les interprètes chinois sont loin d’être d’accord, plus grande encore est la divergence entre les traducteurs. Non seulement il existe plusieurs versions dues à des sinologues compétents, mais qui diffèrent considérablement les unes des autres ; il y a aussi une foule de soi-disant traductions faites par des personnes dont la connaissance du chinois était tout à fait élémentaire et qui n’ont pas hésité, pour élucider le texte, à recourir à des spéculations philosophiques le plus souvent complètement étrangères à l’esprit chinois. Tout en appréciant l’intérêt que ce livre classique a pu exciter dans un public assez large et divers, on ne peut que regretter que le Tao-tö-king soit ainsi devenu la victime du pire dilettantisme. Un sinologue a bien des raisons d’hésiter à entreprendre une nouvelle traduction. Le Tao-tö-king présente des problèmes philologiques qui ne sont pas de solution facile, et le laconisme en est exaspérant. Si, néanmoins, je m’y suis risqué, c’est qu’en tant que sinologue on n’échappe pas au besoin et au désir de se rendre compte du sens de ce livre. Bien que j’eusse beaucoup appris des meilleures traductions, aucune d’elles ne me satisfaisait. M’étant formé certaines idées qui ont mûri pendant de longues années, je me suis enfin décidé, au cours de la dernière guerre, alors que le contraste des circonstances incitait tout naturellement à une étude renouvelée de ce livre, à faire le plongeon. J’ai d’abord publié une traduction en langue hollandaise ; puis, mes collègues français ayant pris connaissance de mes efforts, m’ont engagé à refaire ma traduction en français pour un public plus étendu. C’est ainsi que j’ai été amené à publier ce livre. Pour rédiger cette version française, j’ai de nouveau scruté le texte chinois et les commentaires, et j’ai introduit bon nombre de changements et d’additions dans les notes, de sorte que cette version n’est nullement identique à ma première traduction hollandaise. Cette nouvelle version du Tao-tö-king se distingue de toutes les précédentes par un traitement plus critique du texte. La plupart des traducteurs s’en sont tenus jusqu’ici à la tradition reçue du texte. Il est vrai que les meilleurs d’entre eux ont utilisé, de temps à autre, des leçons différentes, mais personne n’a jamais fait un effort sérieux pour donner une traduction scientifique, basée sur une reconstruction critique du texte entier. Le seul, autant que je sache, qui ait osé faire plusieurs transpositions textuelles, est M. Tch’ou Ta-kao dans sa traduction anglaise, parue en 1937, mais il ne rend aucun compte des changements qu’il a adoptés. M. Arthur Waley a publié, en 1934, une traduction intéressante, intitulée The Way and its Power, qui vise surtout à donner une interprétation historique. Bien que dans le détail ma traduction diffère beaucoup de la sienne, mon point de vue est foncièrement le même et si, dans mes notes, j’ai quelquefois exprimé des critiques, c’est que ses vues valent d’être contredites. M. Waley accepte un très petit nombre de variantes, mais dans l’ensemble il s’en tient au texte reçu. Or, il me semble qu’une traduction du texte reçu peut avoir sa valeur si l’on désire rendre compte des idées que les Chinois eux-mêmes, pendant deux mille ans, se sont formées de ce livre saint. Si, au contraire, on se propose de pénétrer le sens que ce livre a pu avoir au moment où il fut composé, une étude critique d’un texte si évidemment corrompu me paraît indispensable ; il faut alors traiter ce livre comme n’importe quel texte ancien. C’est précisément à quoi vise la présente traduction. Ni la tradition du texte, ni celle de l’interprétation, ne sont admises comme faisant autorité. Ce n’est pas à dire que j’aie envisagé le texte comme une donnée isolée. Au contraire, il a été méthodiquement situé dans son temps et dans son milieu, et le développement ultérieur du Taoïsme a été, lui aussi, pris en considération. Mais les vues des commentaires ne peuvent avoir pour moi qu’un intérêt secondaire. La formation, dans le courant des siècles, de la doctrine taoïste, est un sujet distinct, dont il ne s’agit pas dans ce livre. Cette traduction n’est qu’une lutte corps à corps avec le texte lui-même. Il va de soi que je me suis servi abondamment des travaux critiques des érudits chinois. Sans parler des éditions anciennes, je dois mentionner en tout premier lieu l’ouvrage de M. Ma Siu-louen, Lao-tseu ho-kou (1924), qui tente une reconstruction critique du livre entier. Mes notes prouveront assez à quel point cet ouvrage m’a été indispensable. Le point de vue de M. Ma est très radical. A mon avis, il tend trop facilement à apporter des modifications au texte. Dans beaucoup de cas, je ne suis pas d’accord avec lui ; je n’ai accepté les changements qu’il propose que lorsqu’ils m’ont paru absolument nécessaires. Je n’ai pas toujours signalé les points sur lesquels mes idées diffèrent des siennes, et de celles des autres commentateurs et traducteurs, afin de ne pas trop encombrer mes notes. Je n’ai mentionné ces divergences que dans des cas spéciaux ; on peut pourtant être assuré que les interprétations des critiques chinois et des traducteurs sérieux ont été partout pesées soigneusement. En dehors de l’ouvrage de M. Ma Siu-louen, celui de M. Kao Heng, Lao-tseu tcheng-kou (1930), m’a été très utile, et je me suis aussi servi avec profit des éditions de M. Yang Chou-ta, Lao-tseu kou-yi (1928) et de M. Li K’iao, Lao-tseu kou-tchou (1929). La belle édition critique, avec variantes tirées de vieilles inscriptions et de vieux manuscrits, publiée par l’Institut Archéologique de l’Académie Nationale de Peiping, sous le titre de Kou-pen Tao-tö-king kiao-k’an (1936), m’a aussi rendu grand service. C’est à cet ouvrage que j’ai emprunté mon frontispice, reproduisant le commencement du texte gravé sur pierre d’après une calligraphie exécutée en 1316 par Tchao Meng-fou, peintre et calligraphe célèbre, ainsi que le titre chinois du présent livre, tiré d’un texte gravé sur pierre en l’an 738. Le texte chinois, reproduit dans ce livre, est emprunté à l’édition de M. Ts’ai T’ing-kan, intitulée Lao kiai Lao (1921), qui, par son index excellent, m’a aussi été fort utile. Je regrette que quelques autres éditions critiques et récentes du texte, que j’aurais voulu consulter, me soient restées inaccessibles. Mon étude critique du texte ne se borne pas à utiliser d’anciennes variantes ou à faire quelques conjectures. Elle consiste aussi dans une reconstruction du contenu même des chapitres. Le texte compte 81 chapitres. Ce nombre n’est pas un accident. 81 est 3 x 3 x 3 x 3 ; c’est un nombre sacré dans le Taoïsme et il est certain que, pendant ou peu après la dynastie des Han (206 avant J.C.-221 après J.C.), cette division a été faite artificiellement. Or, les anciens livres chinois étaient écrits sur des tablettes étroites de bois ou de bambou qui, ordinairement, comportaient chacune une seule ligne de texte. Ces tablettes étaient enfilées ensemble au moyen d’une ligature passée par des trous taillés dans le bord des lamelles. Si le lien se brisait, les tablettes tombaient facilement en désordre. Il est évident que, lors d’une redistribution du texte selon un principe artificiel visant à arriver au nombre 81, les lignes couraient grand danger de s’embrouiller et d’être rangées contrairement à l’ordre original, d’autant que le texte était obscur et qu’à première vue l’organisation contextuelle de ses parties n’était pas toujours claire. Les rimes, qui sont fréquentes, sont d’un secours précieux, mais elles sont trop irrégulières pour être toujours un guide sûr. En outre, il est possible que, sous les Han, on n’ait pas toujours reconnu les rimes dans des mots dont la prononciation avait changé. Aussi suis-je convaincu qu’une telle confusion a eu lieu dans bien des cas. On trouve plusieurs répétitions qui, dans un texte tellement bref, sont très peu vraisemblables, et plusieurs lignes me paraissent égarées dans des chapitres où elles n’ont aucun sens compréhensible. Dans le style lapidaire du Tao-tö-king, l’interprétation dépend entièrement du contexte, et de telles lignes, du fait qu’elles sont mal placées, deviennent inintelligibles ; mais, si l’on réussit à les remettre dans leur contexte original, elles paraissent avoir un bon sens. Ce travail est, naturellement, chose délicate et difficile. J’ai procédé avec le plus grand soin, de façon plutôt conservatrice que radicale. J’ose dire qu’à mon avis du moins le texte y a souvent beaucoup gagné en clarté. Je ne me flatte pas d’avoir surmonté toutes les difficultés. Il reste des passages dont je ne suis pas satisfait et dont la traduction est incertaine. Dans mes notes, j’ai rendu compte de mes incertitudes et de mes luttes. On trouvera aussi dans mes notes des références fréquentes à d’autres passages du texte où une même expression se rencontre. Je me suis efforcé d’expliquer le texte par le texte lui-même, en élucidant le sens, souvent obscur, d’une certaine expression par l’emploi de la même expression dans un autre contexte. Dans certains cas, j’ai aussi invoqué des passages relevés chez d’autres auteurs taoïstes anciens ou dans des livres plus ou moins contemporains. Je me suis refusé à introduire dans mon interprétation des notions de philosophie occidentale, et je me suis placé, autant que possible, au point de vue chinois. Il s’ensuit que mon interprétation est influencée par mes idées sur la date de la composition du Tao-tö-king. La tradition place cette date très haut, environ dans la première moitié du VIe siècle avant notre ère. Lao-tseu, qui passe pour l’auteur, aurait été un contemporain un peu plus âgé de Confucius. Cette tradition s’appuie sur une « biographie » de Lao-tseu due au grand historien Sseu-ma Ts’ien (vers l’an 100 avant J.C.). Pour des raisons trop compliquées et trop techniques pour être expliquées ici, je n’attache aucune valeur à cette tradition. Plus important que n’importe quelle tradition selon laquelle tel ou tel personnage serait l’auteur d’un texte ancien, est pour moi le témoignage du texte lui-même. C’est le texte qui, pour moi, est le fait historique primaire. Or, les idées du Tao-tö-king me paraissent absolument impossibles à une date aussi élevée que la première moitié du VIe siècle avant J.C. Elles appartiennent entièrement au climat intellectuel qui existait en Chine vers l’an 300 avant J.C. A maintes reprises les idées de l’école de Confucius sont attaquées ; souvent on trouve des idées qui, traitées d’une autre manière, se rencontrent chez d’autres auteurs de cette période. A l’encontre de cette manière de voir, certains sinologues ont relevé que la langue du Tao-tö-king semble contenir des éléments assez archaïques. Je ne songe nullement à le nier ; je crois que l’auteur s’est servi d’anciens adages, dont à l’origine le sens peut avoir été complètement différent, pour les incorporer dans son système d’idées. Dans le développement de la philosophie chinoise, il m’est impossible de placer le Tao-tö-king, comme livre cohérent, dominé par une grande pensée, plus haut qu’environ 300 avant J.C. Nous ne savons rien de l’auteur avec certitude. Je suis d’avis que la thèse proposée par certains érudits chinois, et récemment défendue de manière indépendante par M. H. H. Dubs, professeur à l’Université d’Oxford, est la plus probable. D’après cette thèse, Lao-tseu doit être identifié avec le père d’un certain Touan-kan Tsong, vicomte de Touan-kan et général du pays de Wei en l’an 273 avant J.C. Cette identification, fondée sur des données purement historiques, s’accorde très bien avec l’époque où, pour des raisons d’évidence interne, l’on est enclin à placer le texte. J’ai rendu le titre Tao-tö-king — titre qu’on rencontre dès le VIe siècle de notre ère — par : « Le Livre de la Voie et de la Vertu ». J’ai suivi en cela l’exemple du grand sinologue français Stanislas Julien qui, en 1842, publiait une traduction, très remarquable pour son temps, bien que maintenant périmée. Ce titre, d’ailleurs, a besoin de quelque explication. ...

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