Sapriel Marc - Stoltz Patrick - Une introduction à la médecine traditionnelle chinoise


Auteurs : Sapriel Marc - Stoltz Patrick
Ouvrage : Une introduction à la médecine traditionnelle chinoise Le corps théorique
Année : 2006

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Les médecines traditionnelles de l’Asie constituent des gisements encore insuffisamment explorés et exploités de savoirs et de pratiques sur la santé et les maladies. En Occident, certaines de ces médecines sont aujourd’hui assez bien connues, en particulier celles de la Chine et de l’Inde. Leurs pharmacopées représentent les fruits d’une très longue activité d’observations, de spéculations et d’expériences qui ont abouti à la sélection de milliers de substances naturelles. En Inde et en Chine, ce processus s’est étendu sur plus de deux millénaires. Ce sont ces pharmacopées dont l’étude peut être la plus fructueuse car ce sont celles sur lesquelles nous disposons de la documentation la plus étendue (plus de 12000 textes pour la seule médecine chinoise selon une estimation récente) et des informations les plus sûres. Leur exploration offre donc tous les avantages et toutes les garanties qui résultent de l’existence d’une longue tradition à la fois savante et pratique bien établie, qui utilise, parfois depuis des siècles, un grand nombre de préparations d’efficacité constatée, et qui connaît dans quels cas et dans quelles conditions ces préparations doivent être employées. Les substances naturelles utilisées pour l’élaboration de ces préparations ont déjà fait l’objet de nombreuses investigations, mais les préparations en question n’ont pas encore été étudiées scientifiquement. En effet, il s’agit de remèdes aux formules généralement très compliquées, combinant souvent plusieurs dizaines d’ingrédients avec diverses modalités d’extraction et de concentration des substances médicinales à l’aide de solvants variés. De plus, une même préparation peut être utilisée contre des affections très différentes. Cette complexité et cette polyvalence ne facilitent pas la détermination des principes actifs de tels remèdes par les méthodes de la pharmacologie moderne. En Inde et en Chine, comme dans d’autres pays d’Asie, beaucoup de ces remèdes ancestraux sont aujourd’hui produits, suivant des recettes vieilles parfois de plusieurs siècles, et commercialisés à grande échelle par des firmes spécialisées. Ces « spécialités » ont commencé à se répandre en Amérique et en Europe, notamment en Allemagne, en Italie et en France où il est actuellement possible de se procurer, via Internet, des « médicaments » asiatiques, sans assurance quant à l’authenticité, l’innocuité et l’efficacité de tels remèdes. Beaucoup de ces « médicaments » ont déjà fait l’objet, dans leurs pays d’origine, d’études cliniques qui ont conclu à leur efficacité. Mais comment en déterminer les constituants actifs lorsqu’on sait que certains mélanges possèdent des propriétés différentes de celles des ingrédients utilisés, ou présentent une activité supérieure à celle connue de leur constituant principal, par suite de phénomènes de synergie ou pour d’autres raisons ? Doit-on priver des malades de ces médicaments tant que la science moderne n’en aura pas isolé les « principes actifs » ? En Inde, la plus répandue des médecines traditionnelles, la plus célèbre aussi, est celle qui se réclame de l’Ayurveda, le « Savoir (veda) sur la longévité (âyur) », un système médical antique dont les principales théories étaient déjà fixées il y a plus de deux millénaires. Parmi les médicaments préconisés par l’Ayurveda, ceux à base de plantes sont les plus nombreux. Au cours des siècles, la médecine ayurvédique a utilisé plus de 3 000 espèces végétales dont un bon millier entrent encore, sous des formes diverses, dans la composition des remèdes prescrits de nos jours. On note aussi l’emploi d’un certain nombre de substances d’origine animale ou minérale. La médecine traditionnelle chinoise possède aussi une importante pharmacopée qui, aujourd’hui encore, est utilisée à une large échelle et constitue l’essentiel de son arsenal thérapeutique. Dans ce domaine, les observations et les connaissances accumulées par les Chinois pendant des millénaires nous ont été transmises dans de volumineuses Matières Médicales, les Ben cao. Le Zhong yao da ci dian ou Grand Dictionnaire de la matière médicale chinoise répertorie 4 773 plantes, 740 produits d’origine animale et 82 d’origine minérale. Toutes ces substances naturelles ont servi à la confection de milliers de remèdes aux formules souvent très complexes. Cette complexité des compositions s’explique à la fois par les conceptions pathogéniques de ces médecines savantes, par la complexité des cas à traiter et par le souci de combiner les différents ingrédients de manière à contrebalancer, accroître ou prolonger les effets des uns par les propriétés des autres, à les rendre plus efficaces ou mieux tolérés. En revanche, les médecines traditionnelles d’Asie du Sud-Est ont éveillé moins d’intérêt jusqu’à ces dernières années. Il y a plusieurs raisons à cela. En premier lieu, le succès et la large diffusion des médecines chinoise et indienne ont occulté ou largement influencé les traditions thérapeutiques locales. On a pu considérer que ces dernières manquaient d’originalité et qu’elles n’étaient fondées que sur des emprunts à l’Inde ou à la Chine. À cela s’ajoutent des difficultés d’accès au terrain et aux sources documentaires dans certaines contrées d’Asie du Sud-Est. De toutes les médecines traditionnelles d’Asie du Sud-Est celle des Birmans reste peut être la moins connue. On sait que la médecine indienne a été introduite très tôt en Birmanie et qu’il existe une littérature assez abondante en langue birmane sur la médecine traditionnelle. À côté des documents anciens peu étudiés jusqu’ici, il existe plusieurs ouvrages récents publiés à partir des années 1960. Tous ces ouvrages sont en birman. Certains d’entre eux sont des ouvrages de phytothérapie pour le grand public. D’autres ont un caractère plus scientifique. Ils indiquent pour chaque plante le nom birman et le nom latin de la nomenclature botanique ainsi que la famille, la description de la plante et ses caractéristiques (gun = sanskrit, guna), en particulier sa saveur (yasa = sanskrit, rasa), ses qualités thermiques (plante chaude/froide)... Ce qui traduit bien l’influence exercée par la médecine ayurvédique de l’Inde. La médecine traditionnelle du Laos nous est connue par des sources manuscrites insuffisamment étudiées jusqu’ici, par des travaux d’ethnomédecine sur les pratiques des guérisseurs laotiens, et par des recherches ethnobotaniques sur les plantes du Laos. Dans l’ancien Siam (aujourd’hui la Thaïlande), où la médecine a subi la double influence de l’Inde et de la Chine, les méthodes ayurvédiques de l’Inde ont concurrencé la médecine chinoise. Il existe un certain nombre de traités médicaux anciens en siamois. Cette littérature a été assez peu exploitée et les travaux sur la médecine traditionnelle thaïlandaise sont dispersés. Mais la pharmacopée locale utilise à peu près les mêmes ressources que les médecines traditionnelles des pays voisins. La médecine traditionnelle des Khmers a été très marquée elle aussi par l’influence de l’Ayurveda. Au Cambodge ont été retrouvées des stèles de fondation d’hôpitaux qui témoignent du développement de l’assistance médicale sous le règne du roi bouddhiste Jayavarman VII (1181-1218). La médecine traditionnelle du Viêt-Nam est d’inspiration chinoise. C’est surtout Lan-Ong (1720-1791), dont l’oeuvre n’a été rassemblée et imprimée qu’en 1866, qui est considéré comme le plus grand médecin du Viêt-Nam. Il a compilé une Encyclopédie médicale en 66 livres rééditée en 1973. Cette oeuvre nous livre un tableau fidèle de ce qu’était la médecine viêtnamienne avant l’introduction de la médecine occidentale. Aujourd’hui, l’un des ouvrages viêtnamiens le plus récent et le plus complet est celui de Dô-Tât-Loi intitulé Nhung Cây Thuôc Va Vi Thuôc Viêt Nam (Les plantes médicinales et les drogues du Viêt-Nam). Les populations de la Malaisie et de l’Indonésie font aussi un large usage de remèdes traditionnels ancestraux. Ils sont le plus généralement prescrits sous forme de préparations appelées jamu. Ces préparations à base de plantes médicinales peuvent parfois contenir des ingrédients d’origine minérale ou animale. Leur production industrielle remonte au début du XXe siècle. En 1975, le Ministère indonésien de la Santé a établi une Direction de l’administration des remèdes traditionnels pour contrôler la production des jamu. Ils sont actuellement produits et commercialisés à grande échelle et sont devenus très populaires. En Asie Orientale, les pharmacopées traditionnelles de la Corée et du Japon doivent beaucoup à la médecine chinoise. La médecine traditionnelle coréenne est très proche de celle qui se pratique en Chine et utilise également des insectes. La pharmacopée de Corée du Sud recense 19 arthropodes terrestres ou produits issus d’arthropodes, mais en réalité un plus grand nombre d’espèces sont actuellement employées. Beaucoup sont d’ailleurs importées de Chine. Pour donner un exemple, de 1989 à 1992, la quantité de scorpions importés est passée de 7 115 kg à 14 635 kg. Quant aux médecines et aux pharmacopées du Tibet et de la Haute-Asie, elles ont fait aussi de larges emprunts à celles de l’Inde et de la Chine. Cet ouvrage d’introduction à la médecine traditionnelle chinoise ouvre une collection qui accueillera des abrégés, des ouvrages de synthèse et de référence destinés aux enseignants-chercheurs et aux étudiants dans de nombreuses disciplines biomédicales. Les éditions Springer-Verlag rendent un grand service à la recherche et à l’enseignement en acceptant de les éditer. Qu’elles en soient remerciées ici ainsi que sa sympathique équipe qui a participé à la réalisation du projet : Nathalie Huilleret, qui en a été l’initiatrice, Nathalie L’Horset-Poulain, Sophie Guillemot et Karine Pech. Écrire, après tant d’autres, une présentation de la médecine chinoise qui renouvelle le sujet est un pari difficile que les auteurs ont gagné. Leur ouvrage apporte en effet un nouvel éclairage sur les notions fondamentales qui constituent le socle de l’édifice conceptuel de cette médecine comme l’énergie, le yin-yang et les cinq mouvements. Puisant directement aux sources chinoises, abondamment citées dans le texte, Marc Sapriel et Patrick Stoltz mettent en lumière à la fois le bourgeonnement des conceptions de la communauté des médecins durant les siècles de son histoire (bourgeonnement qui peut donner l’impression d’une médecine hétéroclite voire confuse) et la rigueur sous-jacente des concepts fondamentaux et de l’explication du monde qui émerge des notions issues des écrits fondateurs. Cette introduction, qui devrait faire date, s’adresse avant tout aux lecteurs qui recherchent une présentation documentée des notions fondamentales que nos deux auteurs restituent, aussi fidèlement que possible, dans un langage accessible, évitant l’écueil des extrapolations et des interprétations exotiques propres à l’énergétique occidentale. La conception de la collection elle-même a une longue histoire qui remonte à la publication de notre livre sur Les Médecines de l’Asie (en collaboration avec Pierre Huard et Jean Bossy, Paris, Éditions du Seuil, 1978). Je suis reconnaissant à tous ceux qui m’ont encouragé ou soutenu dans cette entreprise, à commencer par mes collègues et amis, le Professeur Jean Bossy, qui a tant fait pour l’introduction de l’enseignement de l’acupuncture dans les facultés de médecine, le Professeur Jacques Fleurentin avec lequel nous avons fondé la Société française d’Ethnopharmacologie puis la Société européenne d’Ethnopharmacologie, Ekkehard Schröder, Rédacteur en chef du journal de la Société allemande d’Ethnomédecine, le Professeur Armin Prinz, Directeur du Département d’Ethnomédecine de l’Université de Vienne (Autriche), le professeur Antonio Guerci de l’Université de Gênes (Italie), le Professeur J.-L. Fresquet-Febrer de l’Université de Valence (Espagne), le Docteur Paul Goetz, Rédacteur en chef de la revue Phytothérapie (Éditions Springer) et, last but not least, le Docteur Christian Rempp, Président du Collège français d’acupuncture, qui a été le premier à m’apporter son soutien et qui assurera la direction de plusieurs ouvrages de synthèse dans la collection. Professeur Guy Mazars. Président de la Société européenne d’Ethnopharmacologie. ...

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